Cher lecteur, voici la suite de l’article au sujet de mes 10 outils de travail préférés pour la céramique. Dans cet articles se trouvent les 5 premiers outils présentés.
Tout d'abord, je vous présente mon rouleau court. Je m’en sers pour aplatir des petites bandes d'argile à la volée et pour travailler des motifs extérieurs par tamponnage ou martelage, voire pour bien tasser le fond* de certaines pièces auxquels je n’accède plus car elles sont trop hautes ou ont un col trop étroit. Je m’en sers également pour élargir l’ouverture de certaines poteries en le faisant rouler à l’intérieur, avec fermeté et précision.
Je me souviens très bien de l’endroit et de la personne à qui j’ai acheté ce rouleau, un tourneur sur bois du côté de Vallabrègues. Ce n’est ainsi pas un outil anonyme. J'aime en connaître l'essence, c’est un rouleau en frêne, solide et sage.
Mes tampons faits maison, je n'ai pas trouvé de nom plus approprié pour cet outil. Je les utilise pour mettre en forme une plaque contre un moule et surtout pour maintenir une pièce à l’envers en prenant appui sur le fond sans le marquer. C’est le nec plus ultra, ainsi je peux façonner le pied d’un bol au pincé tout en maintenant le bol retourné en l’air grâce à ce tampon. Très facile à faire et multi-usage. J’en ai plusieurs selon les teintes de terre que j’utilise afin qu'un tampon noirci par une terre sombre ne tache pas une pièce en grès blanc. Quand ils deviennent trop raides de terre, ils passent à la machine, tout simplement.
J’ai également 2 noyaux de pêche de vigne, petits, bien fermés avec des motifs aigus. Je pense qu’une autre variété de pêche donnerait des noyaux tout aussi intéressants. J’aime bien ceux-là parce que je me souviens parfaitement des 2 pêches de vigne, petites, cotonneuses, un peu âpres et délicieuses. J’utilise ces noyaux pour créer de jolis motifs estampés, des festonnages** et me régaler du souvenir de ces deux pêches. Les objets sont souvent plus que des objets, je reviendrai là-dessus prochainement.
Un morceau de tasseau, pour marteler et donner des formes extérieures à une future pièce kuriniki ou alors pour créer des motifs décoratifs à la surface d'un bol, par exemple, dessiner ou sgraffiter d'un mouvement rapide...
C’est l'un des outils de décor que j'utilise le plus pour les chawans, simple, efficace et, si je le manipule souplement, je trouve que les résultats sont réellement très esthétiques.
Enfin, mon mini fil, à l’origine il est prévu pour découper des plaques de terre selon différents angles, environ 25° pour l’un et 15° pour l’autre, ce qui est très pratique lorsqu'on compose une œuvre à la plaque.
Personnellement, je l’utilise surtout pour sculpter ou facetter des pièces. Je trouve sa petite taille parfaite pour ce que j’ai à faire. Le fils est retenu par 2 petites visses très simples à resserrer dès qu’il prend du jeu.
J’espère que cette petite présentation vous aura intéressé, ou intrigué, ou amusé.
J’utilise beaucoup d’autres outils bien sûr, mais ces dix-là ne me quittent pas.
J'aimerais vous inviter à observer votre propre rapport avec les outils. Nous en utilisons tous de bien nombreux, et pour certaines activités nos choix ne varient pas, c'est très personnel et n'a parfois rien à voir avec les qualités supposées de l'outil en question. Bien sûr, si cet outil est défectueux on pensera sans doute à s'en séparer, ou alors on lui trouvera une autre utilité, subsidiaire mais tout aussi importante. Je réfléchis à ça, car je trouve que la relation que l'on a avec les objets rend compte de façon plus générale de notre relation au monde. C'est un mode de collaboration.
Je consacrerai par la suite un article pour présenter plus précisément certains des objets que j’utilise pour créer des effets de matière. Ce sont des petites choses du quotidien que tout un chacun peut avoir sous la main, il ne s'agit pas d'en avoir de plein cageots mais trouver ceux avec lesquels on se sent en phase.
J'écrirai peut-être aussi un articles sur les outils qui ne me servent à rien mais qu'un autre potier trouverait certainement à utiliser avec brio, cela peut être intéressant.
*Quelle que soit la technique utilisée, il est important de toujours bien tasser le fond d'une pièce sinon il risque de fendre lors du séchage ou de la cuisson. Dans ces cas-là, la fente prendra généralement une forme de "S", en tout cas avec le grès (avec la faïence ou la porcelaine, je manque de recul).
Cette suite est aussi intéressante que l'article précédent. Merci à toi de nous partager ton savoir-faire et savoir-être.